Djéhouti-Thoth, Hermès, Mercure...

Ils désignent ainsi figurativement… l’intelligence… Ils ne sont pas les seuls à le penser, et de beaucoup : du grec Diodore de Sicile au latin Ammien Marcellin, on n’en compte pas moins de vingt-cinq. Certains auteurs, comme ceux ci-dessus, font aussi de la grande pyramide le tombeau de ce dieu, ce qui n’aurait rien d’étonnant en soi puisque, comme l’affirmait à propos d’Hermès le Révérend-Père Rolle, Conservateur de la Bibliothèque de la Ville de Paris, membre de la Société royale des Antiquaires de France, de la Société Philotechnique, et associé libre de l’Athénée des Arts (Recherches sur le culte de Bacchus, symbole de la force reproductive de la nature, considéré sous ses rapports généraux dans les mystères d’Eleusis, et sous ses rapports particuliers dans les dionysiaques et les triétériques, ouvrage qui a remporté le prix proposé en 1819 par l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-lettres). Paris J. S. Merlin, quai des Augustins, N°7, 1824. Tome second. p. 201 et suivantes) :

« Il enseigna aux hommes toutes les sciences mathématiques, les nombres, les mesures, l’arpentage et la géométrie, sciences qui avaient une si grande importance en Egypte, que parmi les membres de l’ordre sacerdotal il y en avait un qui était spécialement chargé de conserver le système des mesures, et qu’il fallait posséder la connaissance de la géométrie pour remplir les fonctions d’hiérogrammate [rédacteur mandaté]. Il donna les principes de l’astronomie, il était le génie de cette science. »

Et comme dans les documents realtifs à la grande pyramide, le nom d’Hermès revient le plus souvent, bien plus que tout autre, c’est-à-dire trois à quatre fois plus que celui de Kheops, il faut l’étudier le premier, surtout quand on remarque que ce nom est constitué des même lettres que le mot dont se servent les Arabes pour désigner la grande pyramide : voyez-le vous-même ; HRM et HaRaM sont quasi identiques… Ce qui signifie ‘le plus ancien’, ‘l’archaïque’, le plus vieux’…

Alors, qui donc était vraiment cet Hermès ?

Sollicitons une fois encore l’irremplaçable Jean-François Champollion (Panthéon égyptien p. 165 et 166, indication libre car son livre n’est pas folioté) :

« Le premier Hermès, dont, suivant Cicéron, il était défendu aux Egyptiens de prononcer le nom, est bien certainement le même que le dieu nommé par Jamblique, d’après les livres sacrés de l’Egypte, EIKTON, le premier des dieux célestes (…), intelligence supérieure émanée de l’intelligence première, Kneph, le grand Démiurge ; Eicton, dont la divine essence ne pouvait être dignement adorée que par le silence seul (…) (Jamblique, de Mysteriis, sec. VIII, chap. III). Tout concourt ainsi à établir le haut rang qu’occupait le premier Hermès dans les mythes sacrés de l’Égypte ; et si nous ajoutons que sur les nombreux monuments de cette contrée, l’image de ce dieu n’est jamais reproduite comme objet d’un culte direct ; que sur aucun de ces innombrables bas-reliefs représentant des souverains ou de simples particuliers adorant les dieux, le premier Hermès, Thoth trois fois mégiste [= le plus grand, et non trois fois grand], ou Eicton, n’est jamais figuré recevant des offrandes ou des prières, on ne pourra s’empêcher de reconnaître une bien remarquable analogie entre le premier Hermès et le Bramah des Hindous. Ce dieu, le premier membre de la trinité indienne, est comme le Thoth des Egyptiens, le père des sciences, le créateur du monde matériel, l’inventeur des lettres et l’auteur des livres sacrés de l’Indoustan [sic] ; et, comme ce premier Thoth des Egyptiens, il n’a, dit-on, aucun culte réglé ni aucun temple particulier : c’est le personnage le plus éminent du panthéon hindou après le dieu suprême, et c’est le seul qui n’ait ni autels ni prêtres. Le temps nous expliquera peut-être un jour une pareille similitude. Mais si le premier Hermès n’avait point en Egypte un culte journalier et vulgaire, l’emblème de ce dieu occupait les parties les plus apparentes de tous les édifices sacrés et publics. Cet emblème est le globe ailé (…). M. le docteur Young regarde le globe ailé comme l’image emblématique de Cnouphis-Agathodœmon (Encyclopœdia Britannica, supplément, vol. IV, pl. 23, N°3) dont le premier Hermès n’était en effet qu’une émanation directe, une véritable personnification. »

Il semble que la plus ancienne anthropomorphisation de l’intelligence divine soit née dans la vieille Egypte sous le nom de Djehouty.
Le nom hiéroglyphique de cette divinité, translittéré, donne DHWTH (dont l’équivalent hébreu, DaHaT, signifie « science » ou « connaissance ») et se traduit par ‘Le père de ce qui nourrit’, ou mieux, se transcrit en Djexouti :

Le père de la lumière…

Marcus Manilius (1er siècle), un astronome romain d’origine syrienne, écrivait en guise de remerciement à cette divinité :

« Ô Mercure… [le Djehouty-Thoth des anciens Egyptiens, devenu Hermès chez les Grecs, puis Mercure pour les Latins] C’est vous qui avez découvert à l’homme les mystères du ciel et des astres, pour agrandir les idées qu’il se serait formé de l’Univers ; certes pour qu’il en respectât non seulement les apparences extérieures, mais bien plus, le pouvoir énergétique de tous les objets qu’il renferme ; pour qu’il pût enfin connaître Dieu dans toute l’étendue de son immensité. »

Plus concis et direct, le dictionnaire Quillet-Flammarion propose – pour le dieu Thoth – :

« Dieu égyptien, régulateur du temps et de l’univers »…

Pourquoi ce petit exposé ? Simplement pour montrer que si l’on désigne le dieu Djéhouty-Thoth–Hermès-Mercure comme bâtisseur de la grande pyramide – le Sanctuaire de Thoth, disait Kheops (Papyrus de Berlin) –, c’est probablement pour signifier que ce bâtiment fut construit grâce à l’intelligence, à la connaissance scientifique, et que l’on souhaite s’adresser ainsi à l’intelligence des observateurs ultérieurs, à l’intellect des hommes… modernes !

L’apparence triangulaire de la pyramide ne serait donc pas due au seul hasard ou à des considérations de techniques de construction, mais au fait que, comme le signale René Lachaud (Magie et initiation dans l’Egypte ancienne, Editions Dangles, Paris 1995, p. 122) :

« La troisième apparence de Thoth, la plus hermétique, est un triangle, car chez ce dieu savant, tout fait référence à cette figure géométrique. »

Ce à quoi il ajoute (ibidem, p. 125) :

« Il faut considérer Thoth comme l’Intelligence cosmique pure, au-dessus du monde. (…) Son message est délivré par les symboles et son enseignement passe par une Révélation [d’où le titre de notre ouvrage]. (…) Mais ce dieu de la parole a souvent les lèvres scellées car il affectionne par dessus tout le silence. »

Merci de le rappeler : on avait remarqué, bien que ce soit là un silence… éloquent !

Et, parce que Thoth-Hermès-Triangle était un dieu psychopompe, c’est-à-dire en charge d’accompagner les morts, il n’est pas étonnant que la grande pyramide et ses consœurs aient pu être vues comme des édifices à vocation funéraire ou mortuaire… permettant de passer de la mort à la vie éternelle et divine dans les étoiles… que montrent les pyramides.

Mais revenons sur l’idée précédente : il s’agit de communiquer, et plus précisément, de communiquer par l’intelligence…
Et c’est ainsi que nous retournons au début de notre exposé, qui commençait – rappelez-vous – par la terminologie et par l’étymologie (du grec étymos : vérité)…

En effet, selon l’érudit Pierre Lacour fils (Essai sur les hiéroglyphes égyptiens, à l’Imprimerie d’André Brossier, Bordeaux 1821, p. 12, et 35-36) :

« Le nom d’Hermès avait un rapport homonymique avec hER, désignant une élévation en colline, une montagne ; d’où l’arabe hERM, élévation, montagne ; hERM, pyramide ; hERM, noble, élevé en dignité. (…) Dans un sens moral, hER désigne la conception mentale ; concevoir, penser, avoir une pensée, la pensée. (…) HER-MES désigne donc la pensée rendue palpable ou figurée. Ce mot, comme nom propre, convenait à celui qui, le premier, fit en quelque sorte toucher la pensée en la représentant par des figures. De là vient qu’en arabe, hERME signifie sculpter, graver, inciser. (…) Ainsi HER-MES signifie rendre en quelque sorte palpable, au moyen des signes et des figures, la pensée. »

Quant au nom Thoth, nom égyptien du dieu grec Hermès, il signifierait tout simplement cacher, dérober à la vue (op. cit. p. 134). Le nom même du site des grandes pyramides et du Sphinx devait être – selon cet érudit (op. cit. p. 9) –, Geza (que l’on doit prononcer Djéza, curieusement assez proche de la prononciation anglaise du prénom Jésus), qui selon lui signifie seulement Seigneur Dieu, manière de caractériser les lieux ainsi désignés… Quant au mot dont on se sert usuellement pour désigner les constructions telles que les grandes pyramides – monument –, son étymologie est, elle aussi, assez révélatrice : citons à cet égard (et encore) le Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d’Abel Rey (tome II, p. 2 282) :

« Monument ; du latin monumentum, de monere « faire penser, faire se souvenir de », verbe qui contient la racine men, « penser » ».

N’est-ce pas là effectivement la fonction de la grande pyramide et de ses consœurs ?

FAIRE PENSER ET FAIRE SE SOUVENIR DE…

Questionnons-nous, à présent : si tout ce savoir ancien, déposé ainsi depuis si longtemps dans les mots et dans les réalisations énigmatiques, inconnu des modernes ou rejeté par eux, si toutes ces connaissances ont existé, même en partie seulement, cette fameuse grande pyramide n’en serait-elle pas l’un des témoignages et des résumés les plus concrets ?

Que penser alors de cette attribution à Hermès, le dieu des messagers et des voleurs (du verbe voler ?) ? Et des très nombreuses relations, sur la Terre entière et depuis l’aube des temps, faisant des anges (de aggelos ; messagers, en grec) ailés les instructeurs et les instituteurs des hommes ?

Pourquoi Moreau de Jones – par exemple – put-il écrire en 1873, soit tout de même trois-quarts de siècle avant l’irruption des Ovni et de la problématique extraterrestre dans la conscience humaine (L’océan des Anciens et des peuples préhistoriques, Paris. Chap. III, La religion de l’or) :

« Les fables cosmogoniques, les théories et les généalogies par lesquelles débutent toutes les traditions s’accordent sur l’existence d’un peuple d’êtres supérieurs aux hommes, vivant cependant avec eux en commerce habituel, dont les uns leurs servent de guides et de protecteurs, tandis que les autres sont leurs ennemis. Une telle conception n’a pu se former dans l’esprit naïf des populations primitives, sans un fondement quelconque. C’est trop présumer des ressources et de la précocité de l’esprit humain d’y voir un ensemble systématique d’allégories abstraites. »

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